Voilà c'est corrigé merci Bigou !
CHAPITRE 14
Ca y’est, M. Gael est arrivé dans un endroit qu’il a toujours redouté : la cantine.
En la voyant, il est dur de trouver meilleure représentation par rapport à ce qu'on y mange. De la mousse verdâtre recouvre le plafond. Un sol gris, collant, brillant et parsemé de nombreuses fissures accompagnées de profondes crevasses recouvertes de grilles rouillées. Partout autour, des tables et des chaises renversées. De grosses coulures de graisses séchées recouvrent les murs blancs et carrelés donnant l’impression que tout l'endroit se met à fondre.
Mr Gael marche. Chaque pas se précède d’un bruit de décollement de semelle dût au sol graisseux.
La radio grésille.
Sans prendre le temps de réagir, M. Gael se retrouve entouré d'une bande de monstres à placenta tombés du plafond mais encore maintenu par leurs cordons ombilicaux. Au milieu de tout ça, la seule solution qui s'impose, c'est la fuite.
Des mains émergent des sacs roses luisant et tentent de l'agripper. M. Gael slalome tant bien que mal entre ces choses oscillant de tous les côtés. L'une d'entre elle attrape sa cravate et tire. M. Gael la retient évitant l'étranglement. Son autre main, pour la peine, se dirige vers le nœud et le dénoue avec pas mal de difficulté. Il la laisse ensuite et s'enfuie tout en voyant sa cravate se faire aspirer par la créature comme un vulgaire spaghetti.
Il voit une porte. Il l'empreinte.
Un bureau ? Quel bien énorme contraste par rapport à la cantine ! Aucune trace de graisse ni fissure, un lieu curieusement propre et bien rangé. Mais le plus flagrant dans cet endroit, c'est la jeune fille assise sur le bureau.
Son regard se porte vers M. Gael, un sourire se dessine sur son visage.
C'est la gamine du banc.
M. Gael l'interroge:
- Que fais-tu là ?
- J'ai suivi ton conseil : je suis venue avec toi..
- Co... comment ça "venue avec moi?" J't'ai même pas vu. T'étais cachée où?
La jeune fille, la main sur la bouche, libère un petit rire.
- Peu importe, je suis là.
Elle se lève et marche vers M. Gael.
- Tu ne me prends pas dans tes bras ? J'ai traversé les enfers rien que pour te retrouver.
- Me retrouver ? Je croyais que tu me suivais.
- Ai-je dis ça ?
- Tu es venu avec moi, donc tu m'as suivi.
La jeune fille, éberluée, regarde un M. Gael se frottant les yeux.
- Laisse tomber, tu m'embrouilles.
Elle sourit.
- Comment t'appelles-tu ?
- Tu le sais déjà.
M. Gael réfléchit.
- Suzanne Alfing ?
- Bingo.
- Tu étudies ici alors.
- Plus du tout.
- Comment ça ?
Suzanne prend un air malicieux.
- Je n'en ai plus besoin.
Elle s'approche de nouveau vers M. Gael.
- Je suis tellement heureuse de te retrouver. Les ténèbres ne doivent pas être traversées.
Sa bouche effleure l'oreille de M. Gael et chuchote d'un ton chaleureux :
- Elles sont le mal. Elle brise les armures, ouvrent nos corps et se nourrissent de nos entrailles. Nos peurs sont leurs armes.
M. Gael ne sait plus où se mettre. Suzanne s'éloigne et use de sa douce voix :
- Viens avec moi. Viens dans mon refuge.
M. Gael reprend ses esprits.
- Je ne veux pas de refuge. Je veux juste trouver la porte de sortie.
- Il n'y a pas de sortie, juste des cachettes. Les démons détruisent les portes pour nous empêcher toutes échappatoires, mais peinent à nous retrouver quand on sait où se protéger.
Tu as fait tes preuves jusqu'à maintenant, mais maintenant il est trop tard, et ça tu le sais très bien. C'est pour ça que je t'ai appelé.
Elle sert M. Gael dans ses bras.
- Chez moi, nous serons mieux, viens.
- Et venir où fillette ? Sous ton lampadaire ?
- Ce n'est pas ce que tu crois, c'est la lumière de la paix. Notre paix.
- Super.
Un soupir s'échappe de Suzanne.
- Tu n'as jamais su voir les choses. Tu ne m'as jamais vu.
Elle se retourne, sa voix commence à trembler.
- Tu n'es qu'un aveugle. Un aveugle doublé d'un lâche.
M. Gael commence à s'énerver.
- Bon jeune fille, ça commence à bien faire. Je vais franchement te laisser parce que là, j'en ai ras le cul de tout ça, tu entends ? RAS LE CUL !
Suzanne se retourne brusquement, son regard a changé.
- Ras le cul ? Et bien je suis désolée, la merde dans laquelle tu t'es foutu est bien trop profonde pour que tu puisses t'en extirper. Tu te noies dedans, elle se loge dans ta gorge, elle emplit tes poumons et tu n'as ni gilet de sauvetage, ni bouée.
- Ca me fait une belle jambe.
Suzanne se calme un moment, baisse la tête et se tourne de nouveau. Sa voix est basse.
- Tu veux sortir d'ici pas vrai ?
- Plus qu'un peu jeune fille.
Elle désigne une porte.
- La voilà ta sortie, vas-y, prend là.
M. Gael s'y précipite et la referme derrière lui.
Suzanne est de nouveau seule, ses yeux sont noyés de larmes.
- L'enfer a une source, elle est ta destinée.