Je double poste. =) J'ai décidé de me servir de ce topic comme base à nouvelles. Donc, si j'écris un texte court, je le poste ici.
On commence par un truc un peu court, que j'ai écrit il y a un bout de temps.
Tu sens la sueur te couler le long du dos, se cristallisant, te cisaillant de milles coupures glacées et acérées.
Le canon du flingue pointé vers l’avant, tu avances, pendant que les balles crépitent autour de toi. Un hurlement sur la droite. Ne pas s’arrêter.
Tu as été un homme autrefois.
Tu ne t’en souviens plus vraiment.
Couleur du ciel, couleur de l’eau, sensation de vide autour de toi. Un oiseau noir au croassement hideux traverse le ciel.
Tu te calles, dos à un mur, accroupi, et recharge le flingue. 9mm. Suffisant pour faire un trou dans la tête de quelqu’un. Confusion. Un bruit de pas. Tu attends, le cœur battant.
Tu sais qu’il est juste derrière le mur, soldat adverse, chair à canon, semblable et en même temps différent. Tuer pour tuer, tuer pour tuer, tuer pour…
Tu piques un sprint, lui donne un coup de crosse au niveau de la nuque, le craquement est net. Le type tombe à terre, sans avoir poussé le moindre gémissement, tu récupères son arme. P90. Ca permettra de griller la cervelle de plus de ces enflures.
Tu secoues la tête. Pas de haine à avoir. Cette guerre n’a pas de sens. Plus de sens. Autrefois, tu comprenais le sens du combat. Ta lutte avait quelque chose de noble, de pur et d’idéal. Maintenant, plus rien n’a de sens. Anomie. Se battre pour se battre, jusqu’à ce que l’un d’entre nous tous tombe, en sang.
La première balle explose le lampadaire juste au dessus de ton crâne. Tu te jettes à couvert derrière une voiture, et tente de réfléchir, ton cerveau dans la semoule mets du temps à fonctionner.
Mais tu n’as pas de temps, pas de temps, pas de temps, pas de temps, pas de temps.
La balle vient d’en face.
Du .308, vu la détonation. Probablement un tireur embusqué dans l’immeuble d’en face, avec un PSG-1. L’enfoiré, le PSG-1 est l’arme de destruction massive anti crânes chauves, c'est-à-dire anti trouffions de base, c'est-à-dire anti-toi.
Ils t’ont repéré, tu peux entendre ces chiens s’avancer vers toi, en glapissant des ordres. Te relevant brusquement, tu commences à courir vers l’immeuble.
Les mecs sont cachés derrière des carcasses de bagnoles réduites à moitié en cendres.
Tu esquives les premières balles, appréciant de près la teneur mortelle de leurs caresses, les balles suivantes hurlent depuis le canon de ton flingue, tu transperces la cervelle du premier fumier. Le second fumier s’élance vers toi, couteau à la main, son masque à gaz ne permettant pas de discerner la peur sur son visage que tu sens à des kilomètres.
Tu esquives le coup, en te baissant, et lui envoie un coup de tête dans la poitrine, avant de lui saisir le bras et de lui casser en deux, récupérant le couteau. Sourd à ses hurlements, tu lui plantes la lame trois fois. Nuque, aorte, cœur.
Son sang dégouline, il est déjà mort, mais tu te caches derrière son cadavre, ce qui te permet d’éviter d’être réduite en charpie par les quatre balles de 9mm Parabellum qui se logent dans la cage thoracique de l’ex-fumier.
Le troisième fumier se dissimule derrière un muret, t’arrosant avec son 9mm. Avant de passer aux choses sérieuses.
Tu frémis quand tu entends la détonation d’un Famas. 5.56mm Otan, le genre de truc susceptible de t’anéantir la cervelle avant que tu aies le temps de dire ouf ;
Les balles crépitent, un temps. Tu te contentes de patienter. Puis, plus rien, alors, poussée d’adrénaline, tu cours.
Le type recharge son Famas, et se rend à peine compte que tu arrives sur lui, pieds en avant. Le choc est violent. Tu tombes à terre, de tout ton poids sur le dos, pendant que lui s’effondre, groggy. Tu te charges de régler le problème d’un coup de couteau au milieu du front.
Tu récupères le Famas . Tu vas en avoir besoin Le tireur en face t’arrose de quelques balles, que tu esquives d’une roulade, avant de toi-même donner une petite rafale sur la façade du bâtiment, histoire de.
Tu fracasses la porte de l’immeuble d’un coup d’épaule, écrasant au passage le garde posté derrière. Tu défonces le crâne du second d’un coup de crosse, il roule au sol quelques secondes, avant que tu ne l’achèves d’un coup de pied. Tu montes l’escalier.
L’immeuble était encore en travaux avant la guerre. Des échafaudages. Des tentures en plastique qui pendent du plafond. Des murs manquant à l’appel. Des bâches sur le sol.
Une balle qui te frôle, tu te jettes sur le côté, arrosant à l’aveuglette.
Le Sniper.
Une balle, deux, trois. Tu sais qu’il n’en a plus, mais tu ignores où il se cache. Tu te lèves rapidement, et tu le vois, en train de reculer tout en rechargeant. Tu cours, couteau à la main. Il te voit, dégaine le sien, les deux lames s’entrechoquent. Tu le mesures du regard. Le masque à gaz te contemple.
Le duel est inégal, il possède au moins l’avantage du masque. Ta lame rencontre le vide, une, deux fois, la sienne t’écorche légèrement sur ton côté gauche. Tu fais abstraction de la douleur, et lui envoie un coup de coude bien placé dans le bide, il se plie en deux. Coup de genou dans la tête, et couteau dans le cœur.
Il hurle.
Reculant, il s’empêtre dans une tenture en plastique, recule, trébuche, et tombe dans le vide, hurlant.
Tu regardes en bas, à travers l’ouverture du mur. Son cadavre gît, empêtré dans son cercueil de cellophane.
Tu souffles un peu, récupère lentement le fusil de Sniper. Tu le recharges, et contemple les ruines.
Confusion, toujours.
Réalité ? Fiction ?
Invention de ton esprit ?
Tu ne sais pas.
Tu sais juste que tu es las, las de te battre sans savoir pourquoi, mais que c’est tout ce que tu sais faire.
Tu ne te rappelles même plus de ton nom.
Tu te contentes de regarder ce que tu fais, sans y participer véritablement.
Tu n’arrives pas à réfléchir, ton cerveau n’est que bouillie, avec juste de l’instinct, une étincelle nerveuse qui la fait marcher.
Tu voudrais mourir, sans pouvoir accomplir cette volonté, parce que ton instinct te hurle que non, tu dois te battre sans t’arrêter une seule seconde.
Balle. Esquive.
Encore des fumiers, en bas. Tu te cales derrière ton PSG1, explose la cervelle d’un, puis de l’autre, puis du dernier. Avant de voir qu’ils sont au moins trente. Et surarmés.
Tu bats en retraite vers le toit de l’immeuble. Et tu entends le son de l’hélicoptère. Un sourire malsain se profile sur ton visage. Tu sais que tu n’as aucune chance.
L’hélicoptère a lâché trois soldats en exosquelette, le premier arrive vers toi, en un salto bien placé.
Tu attends qu’il vienne, esquive le premier coup de lame qu’il tente de t’infliger, puis le second, avant de répliquer d’un coup de pied dans la tête.
Le super soldat recule, puis se met en position de garde, te défiant à travers son masque de science fiction, les deux lames de poignard en main.
Pas le temps pour se la jouer guerrier avec sens de l’honneur. Une balle de Sniper à bout portant dans la tête l’envoie promener dans le vide.
Les deux autres dégainent leurs P90, tu cours vers eux, prends appui sur une caisse posée là, fait craquer la nuque du premier d’un coup de pied sauté, puis flanque l’autre à terre et le frappe au visage de plusieurs coups de poings.
Il se dégage, et te désarme d’un seul coup de pied. O.K. Corps à corps donc.
Tu encaisses un coup dans l’estomac, puis deux, puis trois, avant de répliquer d’un coup de coude dans la tête. Crac, le casque se fissure, il tombe à terre, mais te fait une prise en ciseaux au dernier moment. Tu t’écrases au sol, sonné, et roule sur le côté, esquivant le coup de pied fatal.
Te relevant, tu bloques son poing, et lui casses le bras, avant de le jeter dans le vide. Son hurlement se répercute jusqu’à toi.
Tu souffles un peu, récupère un P90 par terre. Avant de voir l’hélicoptère se poster devant toi. Tu regardes dans la direction de l’escalier, quinze soldats te tiennent en joue. Tu souris, et lance ton regard à travers les vitres teintées de l’hélico.
La première balle te perce la gorge, tu t’étouffes dans ton sang. Puis, l’épaule gauche, la droite, la jambe gauche, tu t’agenouilles, porte la main à ta gorge, mais la balle dans le torse te met à terre. Puis ce n’est plus que silence, pendant que les balles te réduisent en copeaux. Exquise sensation. Tout se termine. Enfin. Plus besoin de se battre, juste le silence et toi.
Tu as un doute. Et si tout recommençait encore ?
Tes yeux se ferment.
Sang.
Lumière.
Chaos.
‘Game Over’ indique l’écran. ‘Merde !’ S’écrie Daniel, fou de rage. Cinq jours qu’il galère à ce niveau sur ‘Déchu’. Il se plante toujours au même point, l’absence de sauvegarde à ce point du jeu est un supplice !
Il soupire. Ce jeu est une véritable tuerie, c’est vraiment une idée géniale de mélanger aussi bien combats armés et corps à corps, même si Daniel a du mal à accrocher au délire philosophico-dépressif du personnage principal. Enfin, bref, vu l’ambiance et le gameplay, c’est pas très grave s’il y a quelques défauts. Il baille, se rassied.
Enfin… Il reprend sa manette, et appuie sur ‘continuer’. Il est temps de ruiner la gueule de ces enfoirés !
La sueur te cisaille, une fois encore. Un frisson te parcourt, comme une sensation de déjà vu. Tu t’enfiles une poignée d’analgésiques, ça va presque mieux. Encore des doutes, que tu t’efforces d’effacer de ta mémoire, tu aimerais pouvoir avancer sans réfléchir, mais la monotonie des tes actions t’accable, toujours l’impression de faire la même chose.
Tout recommence, tout se ressemble en essayant de te donner l’impression que tout est différent. Tu t’enfonces dans la nuit, conscient que rien ne se termine jamais.
Jamais.
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