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Message Publié : Mer 04 Mai 2005 19:11:49    Sujet du message : Différences entre information, communication et propagande
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Message(s) : 248
Inscription : 31 Déc 2004
Localisation : Poitiers et ses Alentours

A l'approche du grand festival de l'E3, les esprits s'échauffent, et si la "guerre des consoles" a globalement été mise de côté sous couvert d'un pseudo couvre-feu, tous les camps arborant l'argument du: "attendons encore un peu, nous verrons bien", les rumeurs, elles, pullulent; médisances issues de forums quelconques qui ont pris des proportions immenses via le bouche à oreille, communiqués plus ou moins officiels ou officieux qui sont relayés de manière plus ou moins objective et professionelle par les sites spécialisés et/ou de grande écoute, il est difficile d'y voir clair dans tout cela.

Bien sûr, des rumeurs, des on-dits, des bruits de couloirs, il en est partout, toujours, touchant tous les domaines et ayant plus ou moins de répercussions. Dans tous les cas, le vecteur de propagation reste le visiteur, le lecteur, le passager qui ira raconté les derniers potins à ses voisins en ommettant parfois de mettre le tout au conditionnel et de mettre à intervalles réguliers des: "il paraît", des "peut-être", des "on dit que".

Sans le vouloir, vous avez vous-mêmes été des maillons de la grande chaîne de la (dés)information. Donc pour éviter de tomber dans ce qu'on n'hésite plus à appeller "l'apanage des média" ou "la fureur de la déesse aux cent bouches", je vous propose d'entamer un débat ou une suite de discussion sur le sujet de l'information et de la transmission de celle-ci, et plus précisément des opinions de chacun quant à sa pertinence dans notre monde actuel et les dégâts/bénéfices qu'elle entraîne.

Tout d'abord, je me permets de définir trois types de (dés)information: l'information à proprement parler, le communiqué et la propagande. Selon mon propre point de vue, les différences entre ces termes tiennent sur deux paramètres: l'implication du journaliste ou du médiateur -celui qui transmet la nouvelle- et la présence ou non d'éléments pouvant déterminer le contexte dans laquelle s'inscrit l'information. Commençons alors par définir ces deux paramètres (je me permets de faire un petit plan afin que vous puissiez mieux suivre ma réflexion)

Introduction: Du contexte et du paramètre humain

1: Du but d'une nouvelle

Tout d'abord, mettons les choses au clair; selon mon avis propre toujours (et toute cette réflexion sera posée sur nombre de mes a-prioris sur la question comme vous le verrez), une nouvelle ou une Information (la majuscule indiquera l'emploi du terme générique) s'inscrit nécessairement dans un but quelconque, elle doit avoir une utilité. Une Information qui est inutile n'est ni envisageable, ni profitable, ni considérée et encore moins existante. (on tombe alors dans le ragot mondain pour vous donner une idée)

Ces buts varient selon les époques, les esprits, les média qui la véhicule. Que cela serve à:

-Relater des faits se passant dans le vaste monde pouvant avoir des conséquences mesurées et envisageables
-Apporter des précisions sur une Information précédente
-Conter la conclusion d'un évènement qui aura tenu en haleine tout un public pendant un temps déterminé
-Offrir au peuple la nouvelle d'une avancée technologique ou progressiste majeure ou mineure pouvant améliorer un niveau de vie définie

Que l'on considère alors les quatre actions ici décrites (relater, apporter, conter et offrir) et la présence du but, on s'aperçoit qu'une Information est un acte et non un état; ainsi, si le journaliste subit l'évènement dans un premier lieu en tant que spectateur plus ou moins averti ou victime, tout simplement, il va par la-suite devenir acteur et se substituer à l'évènement afin d'en faire profiter ses semblables. Cela suppose alors une subjectivité nécessaire en amont: que vais-je raconter ? Puisqu'il est impossible pour un journaliste, pour tous les journalistes du globe ainsi réunis de faire un compte rendu exhaustif de tout ce qui se déroule ne serait-ce qu'en une heure sur l'ensemble du globe, il va y avoir sélection de l'information.

Cette sélection, emprunte de subjectivité comme déjà dit en amont, signifie purement et simplement que l'objectivité absolue est absente du métier de journaliste; cette objectivité ne pourra s'appliquer donc, ni en amont car il y a choix de l'information à transcrire, ni lors de son écriture car il y a influence du langage qu'il va utiliser ou des expressions qu'il va employer -quand bien même il laisserait en arrière ses états d'âmes et ses réflexions personnelles-, ni au niveau de la parution car il y a contraintes du support comme la place allouée à l'information, la présence ou non de photographie, la police du texte, etc.

Il y a donc un facteur humain déterminant qui va déchirer le métier du journaliste: lui qui est à la base un acteur se retrouve être dirigé par des contraintes auxquelles il ne peut se soustraire. Cette nuance capitale sera un paramètre important lors de la transmission de l'information, mais nous en reparlerons.

2: De l'environnement immédiat et post-évènementiel

A ajouter à ces facteurs propres au journaliste et qui exercent des pressions internes au sein d'une rédaction ou plus proche encore au sein d'un papier quelconque se trouver des facteurs extérieurs qui sont inhérents à la bonne marche du monde.

Le premier de ces facteurs se trouvent être le contexte dans lequel s'inscrit une nouvelle ou un évènement quelconque; période de guerre ou de paix, état démocratique ou au contraire dictature torride, présence ou non de pressions de la part d'autorités ou de gouvernements, etc. Ce contexte va alors à son tour influer sur les points déjà abordés précédemment, à savoir la subjectivité du choix de la nouvelle à transmettre, la manière de la raconter et sa place dans le journal et/ou sur le site. Il ne faut donc pas négliger ce contexte tout le moins du monde et au contraire développer son esprit critique afin de voir clair dans ce jeu, mais encore une fois nous y reviendrons plus tard.

Le second de ces facteurs reste les conséquences d'un évènement sur ce même évènement, pouvant lui donner un sens nouveau positif ou négatif selon son issue. Ainsi, après une guerre, on a souvent vu des journalistes ayant encensé un des deux camps retourner leurs vestes après la défaite de celui-ci, ou arrêter de faire une propagande plus ou moins malsaine (voir la partie réservée à celle-ci en particulier pour plus de détails). La présence de ce facteur suppose alors de traiter chaque information avec un oeil critique et surtout de ne jamais prendre pour argent comptant une Information tant que l'évènement qu'elle décrit n'est pas arrivé à son terme.

On peut alors décrire maintenant le triple jeu d'une information, sur ses trois plans:

1°: Activité de l'évènement -qui le sera à jamais- sur la passivité du journaliste
2°: Activité du journaliste pour retranscrire l'Information et passivité du lecteur qui la prend en compte
3°: Activité du lecteur pour mettre en relief cette Information avec pléthores d'autres éléments.

Bien souvent, nous restons bloqué au second stade, alors que la troisième est primordiale. Retenez simplement ceci:

Un spectateur se doit d'être à un moment ou à un autre actif auprès des informations qu'il reçoit afin de faire la part des choses et ne pas faire le jeu des média

Ceci étant posé, faisons maintenant le distinguo entre information, communiqué et propagande


I: L'information

L'information est à la presse ce que l'inspecteur est à la justice. Celui-ci se révèle actif bien plus tôt que sur un communiqué, de fait, la subjectivité du choix de l'information est à son paroxysme. Faisant généralement une enquête de manière indépendante, son écrit sera alors teinté d'un maximum d'objectivité, mais hélas sa place dans le média peut ne pas être à la hauteur de ce qu'on attend car des pressions extérieures vont réduire ce point (voir chapitre à ce sujet). L'implication du journaliste est donc à deux niveaux: une implication forte car il a décidé de mener l'enquête et une implication faible au moment de son écriture, car il aura pesé le pour et le contre. Ce dernier point est crucial, car il différencie parfois l'information de la propagande. Résumons cela avec un petit tableau:

Subjectivité du choix: Très forte/Maximale
Subjectivité de l'écriture: Minimale/Très faible
Place dans le média: Variable, mais souvent à sa juste valeur

A faire: Recouper systématiquement une enquête avec des éléments extérieurs et indépendants pour s'assurer de la véracité des faits présentés comme vérités de la part de l'auteur. Réfléchir sur cette enquête et sur ses buts avoués et non-avoués, les découvrir. Mettre en perspective cette enquête avec le contexte pour permette de déterminer ces buts.


II: Le communiqué

Le communiqué et la communication ne sont pas des dialogues. Il s'agit de la forme la plus passive du journalisme, car il faut nécessairement relater les faits sans apporter de touche personnelle, rapporter les paroles de manière exhaustive et préciser s'il s'agit d'une traduction ou non et définir clairement le contexte dans laquelle cette phrase a été prononcé (présence claire et nette de micros ou conversation "volée", etc.). Le communiqué sert le plus souvent à endosser le rôle de vérité pour débuter une investigation qui va déboucher sur une information; c'est le postulat de départ sur lequel toute une réflexion et toute une enquête va se construite. Il suffit pour démontrer qu'une enquête est mensongère que l'un des postulats sur laquelle elle s'appuie se trouve faux... tout s'écroule alors. Il est par contre une chose à se rappeller: on ne peut construire de réflexion sur un communiqué seul; tout ce qui se dira sera de l'ordre de l'avis et de la pensée subjective. Il faudra par contre mettre en relation plusieurs communiqués entre eux afin de déterminer la vérité vraie sur laquelle se fonder pour commencer une investigation et obtenir l'information, la vrai quintessence du communiqué.

Subjectivité du choix: Nulle/Minimale (ce sont les sociétés qui décident à faire des communiqués, pas le journaliste qui va les chercher)
Subjectivité de l'écriture: Nulle/Minimale (en théorie, on rapporte seulement les dires mais la traduction peut conduire à des faux ou contre-sens)
Place dans le média: Forte/Omniprésente. C'est le grand défaut des sources de diffusion grand public, abreuver ce public de communiqués en délaissant l'information.

A faire: Utiliser plusieurs sources afin d'entrecroiser les communiqués et lire les déclarations dans leur langue originelle si possible afin d'en garder le sens exact. Mettre en relation la véracité de ses communiqués ou leur non-véracité avec les investigations des journalistes.

III: La propagande

L'enfant malhonnête de l'Information. A éviter à tout prix, mais hélas, elle se trouve être bien trop présente encore de nos jours, et pas seulement dans les dictatures ou les tyrannies. La propagande se caractérise par une forte subjectivité du choix et de l'écriture et une grande place dans le média. Elle considère donc chaque source, même les plus troubles pour argent comptant, déforme les propos ou coupe certains passages des dires pour orienter les pensées et les paroles quand elle ne fait pas certains montages ignobles. Il est des propagandes bel et bien gauches et visibles, car les faits exposés comme vérités sont facilement démontables. Mais les meilleures propagandes sont construites, élaborées et intelligentes car exploitant chaque hésitation, chaque zone d'ombre pour justifier son enquête. Si l'information prend en compte tous les communiqués qui ont été définis comme "vrai", la propagande ne choisit que ceux qui les arrangent.

Subjectivité du choix: Maximale
Subjectivité de l'écriture: Maximale
Place dans le média: Maximale (une propagande doit être vue)

A faire: Ne porter absolument aucun crédit à une campagne de propagande, quand bien même certains faits se révèleraient vrais. Se méfier des communiqués sans sources, des réflexions personnelles sans justifications.

Conclusion

N'oubliez jamais qu'un oeil critique est servi par une pluralité des sources et une belle connaissance du contexte du tout.

J'espère que ces petites réflexions pourront vous pousser à réfléchir justement à votre tour, et à rebondir sur ce que j'ai avancé un peu plus haut. Nous vivons dans une société d'Information, alors il faut ouvrir l'oeil... et le bon.

Merci de votre attention.

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